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(c) Julien Mignot
(c) Julien Mignot
ONBA

Entretien : Joseph Swensen amorce sa première saison à la tête de l'ONBA

31/08/2024

À l'occasion de sa prise de fonction en tant que directeur musical de l'ONBA, Joseph Swensen présente les temps forts de la saison symphonique 2024/2025 et ses ambitions pour l'orchestre. Ne manquez pas le premier rendez-vous de la saison le 20 septembre, avec l'Hymne à la joie de Beethoven qui résonnera dans toute la ville, jusqu'à Los Angeles et Munich.
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QUELS SERONT LES TEMPS FORTS ET LIGNES DIRECTRICES DE VOTRE PREMIÈRE SAISON EN TANT QUE DIRECTEUR MUSICAL DE L’ORCHESTRE NATIONAL BORDEAUX AQUITAINE (ONBA) ? 

Pour le concert d’ouverture de la saison, je vais avoir l’immense plaisir de diriger la Neuvième symphonie de Beethoven. C’est un choix hautement signifiant pour ma première collaboration avec l’orchestre en tant que directeur musical. Mon premier opéra à l’ONB sera Fidelio, vous pouvez donc imaginer la place centrale que Beethoven occupe dans le travail que je compte mener avec l’ONBA. Il nous apprend à repousser nos limites, à être la meilleure version de nous-même, atteindre notre plein potentiel et surtout à le faire ensemble. C’est ainsi que progressivement, nous allons construire une identité et un son particulier, en comprenant ensemble ce qui nous pousse à aller toujours plus loin. Le public jouera d’ailleurs un rôle très important dans ce processus.

L’autre temps fort, sera la première française de ma trilogie Saga, une série de trois concertos qui seront joués au fil de la saison. C’est un honneur de partager cette autre facette de mon travail musical avec l’orchestre et le public bordelais.

Autre grande orientation que je souhaite développer : la musique française dont je suis vraiment amoureux. Nous allons offrir quelques grands classiques, Prélude à l’après-midi d’un faune et Nocturnes de Debussy, ainsi que le Boléro de Ravel qui clôturera la saison.

 

VOUS PRÉSENTEZ DONC UNE TRÈS ATTENDUE TRILOGiE, OÙ VOUS SEREZ À LA FOIS CHEF D’ORCHESTRE ET COMPOSITEUR : POUVEZ-VOUS NOUS EN DIRE PLUS SUR CE PROGRAMME ?

Diriger une œuvre que l’on a composée est un vrai challenge. D’habitude, quand je dirige une nouvelle œuvre, je l’étudie jusqu’à en tomber amoureux. Dans le cas d’une œuvre que l’on a composée, c’est assez compliqué car on a tendance à laisser place à l’auto-critique. Je ne compose pas pour que ma musique soit jouée, mais plutôt par nécessité. Diriger la Trilogie me force donc à porter un autre regard sur ma musique.

SAGA n’existerait pas sans Wagner et donc sans mon Ring Odyssey  (à paraître le 20 septembre chez Alpha Classics). Ces pièces ont été composées dans la même période pendant le confinement. Le même fil thématique court à travers les trois œuvres, comme dans les quatre opéras du Ring de Wagner. Ces trois pièces ont été composées pour être jouées successivement, mais la saison prochaine, nous avons choisi de les répartir sur trois concerts pour les mettre en regard avec des grandes œuvres du répertoire qui sont en quelques sorte un miroir musical : Les Planètes  de Holst pour le concerto pour contrebasse  Primordial Cosmos, la Symphonie du Nouveau monde  de Dvořák pour Saga, le Concerto pour violoncelle, et le Boléro de Ravel pour le concerto pour clarinette Song of Infinity.

 

VOUS ACCORDEZ UNE GRANDE PLACE AU GRAND RÉPERTOIRE CLASSIQUE ET PRÉ-ROMANTIQUE DANS VOTRE SAISON, PARFOIS AVEC DES ŒUVRES PLUS CONFIDENTIELLES : POURQUOI CE CHOIX ?

Brahms, Beethoven, Schumann, Mozart et Haydn sont les pionniers de ce que nous appelons la « musique classique » et forment la base structurelle de toutes les œuvres du répertoire. Ces compositeurs sont donc essentiels à la construction de tout orchestre, il est impossible de jouer Mahler ou Stravinski sans jouer Haydn à la perfection ! Dans le répertoire classique et pré-romantique, le chef d’orchestre joue un rôle différent, car l’orchestre peut aborder ces œuvres dans l’esprit de la musique de chambre. Le rôle du chef est donc plus celui d’un guide au sens philosophique, qui permet d’explorer et d’ouvrir de nouvelles voies. Ces expériences influencent ensuite la façon dont nous jouons Mahler, en y apportant la même qualité d’écoute de « chambriste » au sein de l’orchestre.

 

VOUS AVEZ DÉJÀ NOUÉ UNE RELATION PARTICULIÈRE AVEC L’ONBA, EN DIRIGEANT NOTAMMENT UN PROGRAMME EMBLÉMATIQUE, RING ODYSSEY, QUI SORTIRA EN DISQUE LE 20 SEPTEMBRE (ALPHA) : QUEL SON AVEZ-VOUS VOULU TRAVAILLER AVEC L’ORCHESTRE À CETTE OCCASION ?

Chaque œuvre musicale a sa sonorité propre. Le paysage sonore de Wagner est très particulier et unique. Pour moi il est mystique, émotionnel et sensuel, en quelque sorte une définition de la beauté. C’est difficile d’être plus précis. Duke Ellington disait “ if it sounds and feels good, it is good”. Avec l’ONBA, nous explorons toujours plus pour étendre la palette sonore, à une échelle dont je n’avais jamais fait l’expérience jusqu’à présent. C’est très précieux !

 

DANS QUEL ÉTAT D’ESPRIT ABORDEZ-VOUS CETTE COLLABORATION À VENIR AVEC L'ORCHESTRE ? QUELLES SONT LES SINGULARITÉS ET PARTICULARITÉS DE L’ONBA SELON VOUS ?

Je vois ça dans la continuité du travail que nous avons déjà commencé. Sur le chemin de cette aventure qui s’ouvre à nous, nous avons déjà fait de grands pas cette saison au cours des quatre concerts que nous avons joués ensemble. A chaque fois que je suis revenu, j’ai retrouvé l’orchestre en meilleure forme et nous avons repris notre travail exactement là où nous l’avions laissé sans perdre de temps, toujours de l’avant. Je suis donc impatient de continuer sur cette lancée et curieux de découvrir ensemble jusqu’où cette évolution qui semble sans limite, nous mènera.