Le Requiem de Mozart mis en scène par Stéphane Brauschweig selon une démarche de production zéro achat
En Janvier avec le Chœur de l'Opéra National de Bordeaux et l'Orchestre National Bordeaux Aquitaine, vibrez sur le magistral Requiem de Mozart dans l'enceinte du Grand-Théâtre de Bordeaux. Ce défi artistique sera également un défi technique puisque cette nouvelle production a été conçue à partir d'une démarche écologique et durable.
Repenser la processus de création
Achat ou réutilisation des stocks ? Les scénographes et les artistes sont de plus en plus amenés à intégrer un esprit de recyclage dans leur création. Les enjeux : réduire les coûts et engager une démarche d’éco-durabilité, tout en faisant vivre le patrimoine et en valorisant les stocks disponibles.
Ce défi créatif a été accepté avec enthousiasme par le metteur en scène et scénographe du Requiem, Stéphane Braunschweig, actuel directeur de l’Odéon-Théâtre de l’Europe. Avec comme objectif : que cette démarche soit invisible aux yeux des spectateurs, qui ne doivent retenir qu’une qualité et une exigence artistique égales à toute autre production.
Pourquoi appliquer cette démarche à un Requiem ?
« C’est parce que le texte sur lequel l’œuvre est écrite parle de la vie après la vie, justifie Emmanuel Hondré. C’est exactement ce que nous faisons avec cette production. » Emmanuel Hondré dans Sud Ouest
"Il ne s'agit pas de plaquer une interprétation qui figerait l'oeuvre dans un carcan ou une image réductrice, mais de laisser la musique au premier plan,en donnant aux chanteurs (choeur et solistes) et aux spectateurs la possibilité d'une sorte de voyage mental à la fois dans la tête du compositeur et dans les temps présents. J'imagine pour cette proposition scénique un espace sobre, mais puissant et symbolique, dont la mobilité et la plasticité permettent d'accompagner tous les mouvements de la musique: ce va-et-vient entre désir d'apaisement et bouffées d'angoisse. Car chez Mozart, l'expérience de la mort, de l'approche de la mort, se fait à partir de la vie." pour Stéphane Braunschweig, qui signe la mise en scène et la scénographie
Valorisation des stocks
L’ONB possède en tout plus de 5000 m2 de stockage répartis dans 2 lieux à Bacalan.
L’ensemble de ces décors (2080 m2), costumes (815 m2) et accessoires (2530 m2) sont classés par production lorsque celles-ci sont encore actives, ou par catégorie, taille, silhouette...
Il faut savoir qu’une production continue de vivre après ses premières représentations. Les éléments sont stockés et intégrés dans un circuit de coproduction ou de location, et partiront sur les scènes d’autres théâtres de France et d’Europe.
Lorsqu’une production n’est plus jouée, elle est réformée. C’est là que commence la deuxième vie des éléments qui la composent : la réutilisation pour des prêts, des expositions, des évènements ou des nouvelles productions. Dans cette démarche, les stocks ne sont plus pensés uniquement comme un espace technique, mais aussi comme un espace de création.
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Stockage de décors et d'accessoires d'anciennes productions
Réutilisation des décors : un patrimoine durable
Les éléments du décor peuvent être réutilisés dans la même configuration, où ils peuvent être complétement modifiés techniquement et/ou artistiquement pour leur donner une nouvelle apparence.
Dans le cas du Requiem, la conception des décors s’est déroulée en 5 étapes :
- Visites des stocks avec le décorateur et choix des éléments à réutiliser
- Conception des décors en 3D
- Présentation du projet en maquette
- Mise en œuvre et adaptation technique au sein des Ateliers Décors
- Montage sur le plateau et répétitions au Grand-Théâtre
Stéphane Braunschweig a choisi de réutiliser des châssis miroirs de la production MacBeth, opéra de Verdi mis en scène par Jean-Louis Martinoty et jouée en 2012 sur la scène du Grand-Théâtre. Une adaptation technique a été nécessaire car les miroirs seront installés dans une configuration différente. Le metteur en scène a également repris des toiles utilisées sur le ballet Celestial qui, elles, n’ont pas été modifiées pour le Requiem.
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Maquette du Requiem mis en scène par Stéphane Braunschweig.
Zéro achat et système D
En plus de la réutilisation des stocks de l’ONB, le Requiem est passé par des circuits alternatifs pour se procurer certains éléments scénographiques.
Une partie des costumes a été créée à partir de vêtements récupérés auprès du Relais Gironde, une friperie solidaire.
L’ONB a aussi fait appel à un mécène en nature, l’entreprise Ex Nihilo, spécialiste du vêtement professionnel, qui a pioché dans ses stocks d’invendus pour fournir des T-shirts, dits, de propreté.
En effet, afin de créer une atmosphère post-apocalyptique, les costumes du Requiem ont été entièrement patinés avec de la peinture blanche et du flocage. Cette patine ne permet plus l’utilisation de sèches linge et donc le nettoyage des costumes entre chaque représentation. Ce seront les T-shirt de propreté, invisible sous les costumes, qui seront nettoyés et changés chaque jour.
Même démarche pour les accessoires. L'Opéra a sollicité le Groupe Caisserie Bordelaise, mécène par ailleurs de l’Opéra, pour un don en nature de bois. Utilisé traditionnellement pour la production de caisse de vin, il a servi cette fois-ci à fabriquer des cercueils, accessoires phares de cette nouvelle production lyrique !
