Opéra
Académie de l’Opéra National de Bordeaux
Cette nouvelle académie regroupe de jeunes artistes en émergence sélectionnés pour être accueillis en résidence pendant un an par l’Opéra National de Bordeaux et par plusieurs partenaires en vue de mettre en œuvre un projet créatif autour d’un grand opéra du répertoire. Pendant plusieurs mois, ces jeunes artistes travaillent ensemble dans l’esprit d’un atelier collaboratif, pour faire naître une adaptation libre et engagée de Didon et Énée de Henry Purcell. L’histoire de Didon est intemporelle : la reine Didon aime le prince Énée, mais une sorcière tente de ruiner cette idylle…
En partenariat avec la Ferme de Villefavard et le Conservatoire de Bordeaux Jacques Thibaud
Avec le généreux soutien d’Aline Foriel-Destezet
à propos
Chef-d'œuvre absolu de la littérature musicale du XVIIe siècle, Didon et Enée demeure l'une des partitions les plus fascinantes de Henry Purcell. C'est au printemps 1689 que le compositeur décide de mettre en musique un épisode de L'Enéïde (le Chant IV) en suivant le livret conçu par le poète anglo-irlandais Nahum Tate.
Nous transportant à Carthage, l'intrigue conte la passion entre Didon et Enée s'achevant, en raison de l'intervention de sorcières maléfiques, par la séparation des amants et la mort de Didon, laquelle offrit à Purcell l'opportunité de créer pour son héroïne un air bouleversant — le lamento "When I am laid in earth" — qui demeure un sommet absolu de l'art lyrique.
La production présentée par l'Académie de l'Opéra National de Bordeaux se concentre sur l'intimité du drame. Les héros Didon et Enée évoquent tous deux des figures d’exilés, de réfugiés. Un statut que nul ne revendique et qui, pourtant, les rapprochent des personnes qui connaissent l’arrachement, l’errance en mer, la nécessité de se reconstruire, l’humiliation de devoir mendier à autrui le droit d’exister à nouveau.
Musicalement, si l'esprit de la partition originelle demeure, Haru Shionoya signe un arrangement de l'opéra pour quatre solistes et cinq instrumentistes concentrant le propos musical sur les personnages principaux : Didon, Belinda, Enée et la Sorcière.
Une singularité instrumentale est à souligner : la partie du continuo est confiée au bandonéon. Bien que souvent associé au tango, l'instrument renoue ici avec ses origines allemandes par un usage des claviers tels qu'il se pratiquait au XIXe siècle lorsque le bandonéon — nouvellement inventé par Henrich Band — se substituait à l'orgue pour soutenir les chœurs à l'Office, irriguant les musiques de Heinrich Schütz, Johann Sebastian Bach ou Georg Philipp Telemann. La musque de Purcell n'étant pas si éloignée de celle de ses contemporains allemands, Haru Shionoya s'est judicieusement adressée à cet instrument pour donner des couleurs et des expressions tout à fait inhabituelles à la partition, remplaçant ainsi les notes pincées du clavecin par le large souffle coloré du bandonéon.