La cheffe d’orchestre Jane Latron dirigera le concert de fin d’année de l’orchestre d’enfants de DÉMOS le 14 juin prochain. Nous l’avons rencontrée à l’occasion de la journée de répétition organisée à l’Auditorium le samedi 22 février. Ces journées de répétition, appelées aussi tutti, sont des temps importants pour la pratique artistique et pour faire groupe. Sur une demi-journée, tous les enfants, leur famille ainsi que les professionnels (artistes et référents sociaux) se retrouvent en format orchestre sur la scène de l’Auditorium. La journée est également l’occasion de les faire travailler par pupitre ou autour de la pratique du chant et de la danse.
À l’occasion de cette interview, Jane Latron nous parle de son rôle de cheffe, des spécificités de direction d’un jeune orchestre d’enfants, mais aussi de la progression des enfants, qui travaillent depuis quelques semaines sur partitions. L’occasion d’en apprendre davantage sur ce projet inclusif et riche en enseignements, qui démocratise l’accès à la culture.
Pouvez-vous vous présenter ? Votre parcours ? Votre rôle dans DÉMOS ?
Je suis Jane Latron, clarinettiste et percussionniste de formation, je suis aujourd’hui cheffe d’orchestre invitée, auprès de différents orchestres tels que l’Orchestre National de France, l’Orchestre Philharmonique de Marseille, l’Orchestre national Avignon-Provence, Orchestre national Montpellier Occitanie etc. Depuis septembre 2023, je suis cheffe d’orchestre de l’Orchestre Démos Bordeaux Métropole Gironde à l’Opéra National de Bordeaux.
Avec DÉMOS vous dirigez un orchestre d’enfants, en quoi est-ce différent de la direction de musiciens professionnels ? Comment vous adaptez-vous ?
Diriger un orchestre d’enfants constitue un véritable défi, car il s’agit de faire jouer ensemble des musiciens qui n’ont pas encore tout à fait conscience de ce que représente l’orchestre et, plus globalement, le travail d’ensemble. Il est donc essentiel d’adapter mon discours en recourant à des images et des métaphores afin de rendre l’expérience à la fois plus concrète et ludique pour eux. Mon objectif est de leur insuffler de la confiance, de rendre la pratique musicale agréable, tout en leur offrant des bases techniques solides avec l’aide des encadrants musiciens professionnels. Ainsi, nous parvenons à instaurer un équilibre harmonieux entre rigueur et plaisir de jouer.
Les enfants ont maintenant presque deux ans de pratique, comment jugez-vous leur progression ?
Après presque deux ans de pratique, les enfants ont acquis de nombreux réflexes en termes d'écoute, de jeu et de coordination. Ils sont désormais beaucoup plus à l'aise avec les indications que je leur donne en tant que cheffe d’orchestre, ce qui rend notre travail commun plus fluide et naturel. L’Auditorium de Bordeaux est devenu leur deuxième maison, un lieu où ils se retrouvent et où ils peuvent pleinement s’épanouir musicalement. Ils ont gagné en autonomie, et deviennent de plus en plus sensibles à l’interprétation artistique. Tout cela passe bien évidemment par l’apprentissage de la lecture des partitions : c’est un défi majeur, mais ils sont prêts à le relever.
Enfin, pouvez-vous nous parler d’une journée type de répétition d’une cheffe d’orchestre de DÉMOS ?
La journée débute par une chauffe collective, animée à la fois par les danseurs pour réveiller le corps, les chefs de chœurs pour la voix, et moi-même pour faire sonner les premières notes de l’orchestre. Cela permet de bien démarrer la journée. Ensuite, je commence à travailler avec les cordes, pour effectuer un travail de détails, tandis que les vents se consacrent au chant et à la danse. Puis, nous inverserons les groupes. Enfin, en fin de journée, nous terminons par un temps de tutti, où nous réunissons tout le monde. C’est une journée bien rythmée, où chaque moment est dédié à un aspect précis de la musique, tout en favorisant l’unité de l’ensemble.